Les déboires et les soucis juridiques de Calatrava

La rédaction
Santiago Calatrava a construit une partie importante de sa fortune grâce à des grands projets réalisés en Espagne durant le boom de la construction. Mais pour lui aussi la fête est terminée. Après avoir fermé, en 2004, le bureau de Paris qu'il avait ouvert alors qu'il travaillait sur la gare TGV de Lyon-Saint-Exupéry, Santiago Calatrava a fermé l'an dernier celui de Valence la ville où il est né.
Le Palau de les Arts de Calatrava en train d'être déjà restauré.

La Cité des arts et des sciences, majestueux complexe de Valence qui a englouti 1,2 milliard d'euros de deniers publics alors que son budget initial était de 300 millions, et pour lequel les honoraires de M. Calatrava se sont élevés à près de 100 millions d'euros, en est réduite à célébrer des mariages pour se renflouer.

Bourdes et coûts exorbitants 

Le parti valencien de gauche Esquerra Unida dénonce depuis longtemps les "bourdes" de Calatrava et leur coût exorbitant pour l'administration. Ce parti a même créé une page Internet sur le sujet (www.calatravatelaclava.com), car les oeuvres de l'architecte font l'objet de critiques, pour leurs défaillances et extravagances, quand elles ne font pas l'objet de poursuites judiciaires...
Le député Ignacio Blanco représentant de Esquerra Unida, un parti politique qui ne cesse de critiquer les dépenses de la Ville de Valence.

A Bilbao, le pont Zubizuri, dont le sol est recouvert de verre, a provoqué, dans une région où la pluie est incessante, de nombreux accidents, car les piétons y glissent comme sur une patinoire. A tel point que la mairie a décidé d'y ajouter une passerelle pour handicapés. M. Calatrava a déposé plainte pour "atteinte à la propriété intellectuelle". Dans la même ville pluvieuse, l'aéroport qu'il a dessiné disposait d'une salle d'attente en plein air, ce qui a obligé la région à débourser 3,3 millions d'euros pour construire un toit.

Durant la construction du Palais des congrès d'Oviedo, en 2006, le toit s'est effondré et l'architecte a été condamné à payer 3,5 millions d'euros à l'assureur. A Venise, le pont qu'il a construit a coûté 50 % de plus que prévu et a connu des problèmes de sécurité. La mairie a préféré ne pas célébrer son inauguration, prévue en 2008, et retardée de plusieurs années. Un tribunal italien demande 3,4 millions d'euros d'indemnités pour défaillances dans la construction. A New York, l'actuelle construction du World Trade Center Transportation Hub, dont le coût dépasse le budget initial, a déclenché une polémique.

Malgré ces critiques et l'exil fiscal de M. Calatrava, le Forum des marques de renom espagnoles n'envisage pas de le destituer de son titre d'"ambassadeur honorifique" de la marque España.

Sandrine Morel, Le Monde (31 janvier 2013)
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En Europe ou aux Etats-Unis, l’architecte espagnol déploie son art aérien de manière spectaculaire. Un goût du grandiose qui lui vaut de vives critiques sur le coût de ses projets, et quelques procès. Le Milwaukee Art Museum. Ce pavillon, inauguré en 2001, se distingue par son brise-soleil formé par des ailes qui se déploient. © AFP 


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