Le co-créateur du Stade de France sera installé le 2 décembre 2009 sous la coupole de l’Institut. Son élection à l’Académie des beaux-arts au fauteuil de Maurice Novarina est la consécration d’un amoureux du beau attaché aux usages.
Avoir participé à créer l'enceinte où La France a conquis "LA" coupe du monde de football en 1998, cela valait bien l'épée. D'ailleurs quand Aymeric Zublena sera installé à l'Académie des beaux-arts, la semaine prochaine, le Stade de France aussi y fera son entrée. Il sera justement représenté sur l'arme du nouvel académicien, comme trois autres travaux qui lui tiennent à cœur : son projet de pont mobile pour Bordeaux, l'Hôpital européen Georges-Pompidou de Paris et le centre microélectronique de Provence Georges-Charpak. "J'ai aussi glissé dessus une petite écaille d'ébène en souvenir de mon père", ajoute l'architecte, né en septembre 1936 à Paris.
Il est tentant de succomber à la tentation de lier sa carrière avec son enfance passée à jouer avec des morceaux de bois dans l'atelier d'ébénisterie de ce père venu, tout comme son épouse, d'Italie. L'adresse de cette cité d'artisans où vivait toute la famille est aussi un clin d'œil : rue des Immeubles industriels, dans le faubourg Saint-Antoine. Toujours est-il qu'Aymeric Zublena arrive premier au concours d'entrée aux Beaux-Arts. "A l'époque, l'école avait un enseignement très classique. Nous dessinions les ordres corinthien, dorique...", raconte-t-il. Alors quand quelques temps plus tard, il va jusqu'à Naples en Lambretta, il est enchanté de découvrir tout cela "en vrai".
Aboutissement
Un certain classicisme, Zublena n'est pas contre, notamment en ce qui concerne son parcours : Beaux-Arts, Prix de Rome... Michel Macary avec qui il va travailler ensuite, raconte qu'ils se sont aussi connus dès l'école "parce qu'Aymeric faisait partie des brillants étudiants tandis que j'étais de ceux qui passaient pour des moutons noirs". Ça n'empêche pas les deux jeunes hommes de s'accorder sur une position assez peu commune : "Le rôle de l'urbanisme nous semblait important alors qu'à l'époque c'était considéré comme abstrait, intellectuel", explique Michel Macary. Si bien que tous deux s'embarquent dans la grande aventure des Villes nouvelles, à Marne-la-Vallée. Aymeric Zublena en dit encore "c'était formidable ! Il y avait un extraordinaire dynamisme et une vraie réflexion. Nous étions en contact avec des élus, des sociologues, des ingénieurs...".
Passionnant donc, mais frustrant. Les jeunes architectes ne peuvent pas y faire d'architecture. Alors en 1973, pour construire, Michel Macary, Aymeric Zublena mais aussi Guy Autran et Thierry Gruber créent, la SCAU. Pour Société de conception d'architecture et d'urbanisme, tout simplement.
"On avait le feu sacré, on aimait ça... On aime ça", dit Aymeric Zublena qui estime que l'architecture "c'est 100% de mon temps". Il n'en est sûrement que plus heureux d'entrer à l'Académie. "C'est un grand jour pour lui. C'est l'aboutissement heureux de tout un parcours", note Michel Macary.
Regret
Aymeric Zublena est donc attaché à certains us. Pourtant s'il a signé ou cosigné quelques monuments français du tournant du millénaire, à commencer par le Stade de France, il serait injuste de le voir en "architecte officiel". "Ce serait vraiment une mauvaise définition. De toute façon ça n'existe plus", rétorque Michel Macary. L'intéressé refuse de son côté que son travail sur de grands équipements fasse de lui un partisan de la pure rationalité : "L'architecture c'est concret, mais ça n'est pas que ça. Il y a aussi le beau, l'esthétique. Et une part de jeu. Peut-on dire que le Stade de France est une réponse purement fonctionnelle avec ce toit en forme de disque qui flotte au dessus de l'arène ?" Et quand il parle de son plus grand regret, celui de n'avoir pas remporté la compétition pour le pont Bacalan-Bastide à Bordeaux, c'est aussi pour la part de poésie qu'il y avait mis. Ce pont mobile aurait été doté d'une pile unique. Il se serait levé grâce à un grand balancier blanc aux allures de mouette.
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Source: Le Moniteur
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