« Les avenues donnent accès à un édifice public, rayonnent autour d'une place.»
Urbanisme
« L'avenue issue de l'art des parcs et jardins (cf. Laugier, Patte) est une création de l'âge classique qui accueille la circulation des carrosses, les défilés militaires, les fêtes urbaines et se trouve connotée par l'apparat. »Françoise Choay
Avenue:
Terme formé sur le participe passé du verbe avenir (du latin aduenire). « Chemin par lequel on arrive en un lieu. Voie ; accès. Par extension, le terme désigne une voie plantée d'arbres qui conduit à une habitation. Allée menant au château. » Enfin, au XIXe siècle apparaît le sens moderne d'avenue : large voie urbaine d'accès. Boulevard, cours, mail, rue.
Véritable système, les avenues aboutissent généralement sur une place ou un rond-point, mettant en valeur un monument prestigieux. Elle se différencie du boulevard par sa forme radiale (1).
L'avenue trouve sa source dans les promenades urbaines du XVIIe et XVIIIe siècle. Issues de la tradition des allées de parc à la française, elles sont généralement plantées de deux files d'arbres et composées d'une chaussée centrale avec des voies latérales. Les mails et les cours, précédant l'avènement de l'avenue moderne, dont les plus célèbres restent le Cours-de-la-Reine (1616) (2) à Paris et le cours Mirabeau à Aix-en-Provence (1649) (4), sont les lieux privilégiés des sorties citadines.
L'avenue des Champs-Élysées (5) est dessinée par Le Nôtre, en 1665, dans la continuité du jardin des Tuileries. Elle est bordée de quatre rangées d'arbres, comporte un rond-point à mi-course et s'achève par l'étoile de Chaillot. La plantation d'arbres le long des chemins royaux « selon l'alignement de l'art » d'après Furetière, est instituée par l'École des ponts et chaussées depuis 1720. En 1723, les Champs-Élysées et l'avenue Montaigne constituent des lieux de divertissements et de spectacles.
L'étude des jardins de Versailles ou du Vésinet (8) illustre la naissance de l'avenue en tant qu'allée plantée.
De 1813 à 1825, Londres voit s'édifier le Regent Street (9) de J. Nash. Cette avenue, élaborée suivant l'esthétisme du mouvement pittoresque, sert de liaison entre deux parcs magistraux.
À Paris, l'avenue des Champs-Élysées est surplombée d'un arc de triomphe en 1836. À partir de 1854, Hittorff prévoit la construction de douze avenues radiales autour de la place de l’Étoile.
Haussmann se réfère aux grandes promenades urbaines du XVIIe et XVIIIe siècle pour instaurer, de 1853 à 1870, un modèle urbain exporté dans le monde entier. Il donne son sens moderne à l'avenue et au boulevard, et requalifie l'ensemble du réseau viaire parisien. Ces nouvelles voies urbaines créent un maillage qui organise, hiérarchise et permet l'essor de la croissance. L'avenue renforce la lisibilité des carrefours, gère, par son ampleur, une abondante fréquentation et anticipe le développement automobile.
Pour l'urbanisation de l'avenue Montaigne, Haussmann s'inspire du style londonien en composant un paysage végétal constitué d'une voie centrale, de deux contre-allées et d'un sas d'arbres précieux. Des jardinets fleuris, attenant aux habitations, renforcent la théâtralité du lieu.
De 1855 à 1900, les Champs- Élysées accueillent les Expositions universelles et deviennent ainsi le symbole emblématique de la capitale.
Enfin, l'avenue de l'Impératrice (aujourd'hui avenue Foch) (3) est édifiée suivant trois principes majeurs : joindre le centre au bois de Boulogne, participer à la création d'un vaste réseau végétal, allier fluidité du trafic et promenade jusqu'au parc.
Le modèle des avenues haussmanniennes s'est ex- porté aux États-Unis, dans les agglomérations américaines comme New York, Boston ou Chicago, à travers l'exemple du parkway (1868), autrement dit « l'avenue-parc ».
S'inspirant de l'avenue de l'Impératrice (3) et du Regent Street londonien, le paysagiste F. L. Olmsted (1822-1903), auteur de Central Park, élabore le principe du parkway. Ces avenues conduisant à un espace vert sont agrémentées d'arbres d'alignement. Elles détiennent une très large emprise au sol et, comme l'exemple français, facilitent la circulation tout en préservant un cadre verdoyant, propice à la promenade. La chaussée et les contre-allées sont renforcées par des bandes de gazon plantées. Elles desservent les équipements situés en périphérie.
À New York, les avenues, telles que Park Avenue, représentent les voies majeures. Elles forment un maillage régulier et orthogonal. Parallèles, elles sont orientées nord/sud et coupées per- pendiculairement par des rues.
L'Espagne a elle aussi travaillé sur les avenues monumentales. En effet, le Paseo de Gracia (6) est similaire, par son ampleur, à aux Champs-Elysées. Composée de quatre rangées d'arbres, elle allie végétation et finesse du détail, le mobilier urbain et le revêtement des sols ayant été dessinés par Gaudi.
Les pays germaniques, déjà renommés pour leur Ring, ont également utilisé le modèle de l'avenue pour élaborer un urbanisme d'ex- tension, comme l'illustre l'exemple de l'avenue Unter den Linden (7) à Berlin. Cette dernière connecte, suivant les principes de la promenade, le palais avec le grand parc rural, en périphérie de la ville.
Le livre de Stübben expose la typologie de l'avenue type : « Les avenues. Cette catégorie regroupe les grandes voies de circulation, bordées le plus souvent d'immeubles à trois ou quatre étages. Leur tracé prend comme support les principaux axes de communication ; chacune d'elles fit l'objet d'un traitement visant à éviter la monotonie : fragmentations, changement de direction, sinuosités. Rares sont les tronçons supérieurs à deux cents mètres. »
L'avenue de France (10) est la dernière grande infrastructure viaire parisienne du XXe siècle. Suivant le principe de l'urbanisme de dalle, le projet de P. Andreu prévoit la couverture des emprises ferroviaires de la gare d'Austerlitz sur 2 km.
V. ALLÉE, ARBRES D'ALI- GNEMENT, AUTOROUTE, AVENUE-PARC, BOULEVARD, COURS, MAIL, RUE, VOIE RAPIDE.
Source: Arturbain.fr
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