« Quand une route ou une allée carrossable est nécessaire, le parti le plus économique consiste dans une simple allée avec, à son extrémité, un espace suffisant pour que les voitures puissent tourner [...]. »R. Unwin, Town Planning in Practice« Le close : c'est un groupement de maisons autour d'une impasse. Cette impasse débouche généralement sur une rue, et on peut considérer comme faisant partie du close les maisons qui, situées sur la rue, annoncent ou ferment ce close. Une fois ce système défini, il existe une infinité de closes possibles, et Hampstead est un essai de typologie concrète du système, ou du moins de sa mise en forme. »Jean Castex, Jean-Charles Depaule, Philippe Panerai, Formes urbaines : de l'îlot à la barre
Clos/ Close: n. m. empr. de l’angl. close ; latin clausum. Le clos est une « voie sans issue bordée de logements ». L'orthographe du mot n'est pas claire : certains auteurs le francisent, d'autres l'écrivent à l'anglaise en conservant l’« e » final. Il est à noter que ce mot, bien qu'étant utilisé dans de nombreuses publications françaises, est rarement défini.
Au Moyen Âge le close désignait, en Angleterre, des logis d'ecclésiastiques organisés autour d'une allée centrale. Le Vicar's Close (XIVe siècle) situé à Wells dans le Somerset en est l'exemple le plus connu ; il n'est accessible de la rue que par un étroit porche (1). Les premiers clos modernes (désormais laïcs) apparaissent en 1904 en Angleterre lors de la construction, à cinquante km au nord de Londres, de Letchworth, la première cité-jardin. Cinq ans plus tard, dans son livre fondateur Town Planning in Practice, l'architecte Raymond Unwin reprend le nom de close pour désigner cette forme urbaine médiévale qu'il a transformée (2).
En retrait par rapport à la rue, le clos n'appartient pas à l'espace public. Espace partagé entre les riverains, il ne relève pas non plus de la sphère privée. Le clos est en fait un espace semi-public ou semi-privé ; en cela il est à rapprocher de la cour commune. Regroupant une poignée de maisons, le clos du début du XXe siècle a vocation à encourager la sociabilisation des familles vivant en son sein. Unwin est le premier à encourager en priorité l'installation de familles nombreuses dans les clos.
Considéré par ses promoteurs comme une avancée sociale, le clos est également mis en avant pour des raisons économiques. Il permet de maximiser le nombre de logements donnant sur une voie tout en limitant la quantité de routes et de réseaux à construire.
Forme urbaine récente, le clos a néanmoins beaucoup évolué en un siècle. À Letchworth (1904) et Hampstead (1906), le clos est pour R. Unwin « la réinterprétation de la cour du manoir ou de la ferme ». Il s'agit alors de créer une forme urbaine pittoresque, à l'opposé de la standardisation du bâti à l'œuvre dans les villes industrielles. Les premiers clos sont plutôt rares ; par ailleurs ils sont courts et relativement simples dans leurs formes (le plus souvent rectangulaires). Essentiellement résidentiels, ils sont toujours érigés au sein de territoires urbains plus vastes et à proximité d'équipements publics.
À Welwyn, cité-jardin datant des années 1920, à trente km au nord de Londres, l'architecte Louis de Soissons développe le clos tout en le réduisant à « une manière de grouper une série de pavillons jumelés ». De fait, l'espace non bâti du clos devient linéaire, ne laissant place qu'à une voie. L'idée, chère à R. Unwin, de la cour, de la pelouse, de l'équipement sportif partagé par les riverains, est abandonnée.
À cette époque le clos traverse les mers pour apparaître dans les cités-jardins construites dans divers pays d'Europe (2/3/4), au Japon et aux États-Unis. À Radburn, dans le New Jersey, une motor age city érigée à partir de 1929, le clos devient systématique ; la rue secondaire type est un clos. Après-guerre, le clos inspire les concepteurs des « villes nouvelles » anglaises, à l'image de Harlow dont le plan directeur est dessiné en 1947 par Sir Frederick Gibberd .
Cependant, dans le reste de l'Europe et notamment en France, le courant urbanistique dominant, s'inspirant des idées de Le Corbusier, rejette le concept de la rue et, avec lui, celui du clos. Le bâti, disséminé dans des parcs, ne borde plus les voies. Les « grands ensembles » sont souvent desservis par des voies sans issue ; ce ne sont pourtant pas des clos dans la mesure où elles ne constituent pas l'élément autour duquel est structuré le bâti.
En France, l'architecte Gaston Bardet, théoricien de l'urbanisme culturaliste, ayant, entre autres, influencé R. Auzelle, est un des seuls à concevoir des lotissements pavillonnaires intégrant des clos dans les années soixante. L'opération qu'il a menée en collaboration avec le maire de Le Rheu (Ille-et-Vilaine) est en cela exemplaire (5).
Depuis les années soixante-dix, le déclin des grands ensembles au profit des lotisssements pavillonnaires conduit à un développement sans précédent du clos. Le clos s'allonge, si bien qu'il n'y a souvent plus de continuité visuelle entre son commen- cement et son extrémité. Les clos s'uniformisent, s'appau- vrissent, pour ne plus constituer que des « raquettes ». Ce terme péjoratif désigne une voie terminée par une boucle évitant aux véhicules de faire marche arrière. Les logements bordant cette voie sont implantés le plus souvent de manière anarchique, délaissant tout principe de composition pourtant inhérent au concept d'origine du clos. Rares sont les exemples contemporains réinventant le clos (6).
Il est à noter que le clos n'est plus à l'heure actuelle une forme urbaine strictement résidentielle : témoins, ces clos de bureaux qui apparaissent dans de nombreux parcs d'activité.
Lointain descendant du clos le « lotissement clos » fait aujourd'hui son apparition en France. Il s'agit d'un territoire urbain intégralement clôturé dont l'accès est uniquement réservé aux riverains. On peut considérer que cette privatisation de la ville est le terme d'un processus commencé au début du XXe siècle avec la renaissance du clos, forme urbaine semi-privée, voire aux villas du XIXe siècle. Originaire des États-Unis, le lotissements clos essaime désormais en Europe, en Amérique latine ainsi qu'en Chine.
Dès lors qu'il reste accessible au public, le clos est une forme urbaine très intéressante invitant architectes et urbanistes à faire preuve de crétiavité dans la composition.
V. CITÉ-JARDIN, COUR, COUR COMMUNE, FORME URBAINE, IMPASSE, LOTISSEMENT, RUE, VILLA, VOIE.
Source: ArtUrbain.fr
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