Centre-Ville: définition de l'Art Urbain

La rédaction
« La ville sera divisée en douze portions dont la première, qui recevra le nom d'acropole, sera affectée au temple de Hestia, ainsi que de Zeus et d'Athéna ; une enceinte l'entourera et c'est à partir de ce centre que se fera, en douze portions, le sélectionnement, tant de la ville même que de tout le territoire. »

Platon, Lois

Centre Ville

« Centre principal de l'administration, des affaires, des distractions et de la vie culturelle de la ville, [...] lieu de rassemblement de la population tout entière dans des occasions telles que la proclamation du résultat des élections, [...] les pratiques religieuses, l'acte de grâce [...], il comporte une place publique principale, un édifice civique ou un hôtel de ville et les lieux de culte les plus importants » (F. Gibberd).

Si le centre-ville est un centre urbain majeur, « dans les petites villes, le centre urbain est réduit et multifonctionnel [...], dans les grandes villes, il recouvre alors tout un espace urbain différencié, associant des quartiers spécialisés : [...] le centre des affaires, [...] le centre historique, [...] le centre administratif, le centre culturel [...] » (1) (F. Choay).

En Mésopotamie, le centre des « cités-temples » sumériennes est composé d'un groupe d'édifices religieux et de palais, dont les implantations orthogonales et rigoureuses contrastent avec le périmètre urbain en forme d'ovale, entouré de murs ponctués de tours de défense. Ces ziggourats en forme de pyramide dominent la silhouette de la cité (2).

Les cités grecques comprenaient d'une part une acro- pole avec sa cité basse et d'autre part une agora ré- servée tant aux activités politiques et collectives qu'aux commerces et aux marchés. Elle était le centre de la cité, lieu de rencontres, siège des assemblées et des débats, un regroupement d'édifices publics inséré dans la structure urbaine (4).

Au temps de Rome, le centre de la ville, le forum, est né par l'intersection du cardo maximus et du decumanus maximus. Place de marché ou espace socio-politique, le forum accueillait toutes les activités publiques et reli- gieuses (3).

L'urbanisme médiéval est caractérisé par « la constitution de villes dont toutes les lignes convergent vers le centre et le contour est généralement circulaire ». C'est le système radioconcentrique (5), composé d'un élément d'attrac- tion, l'église, le château, la halle ou l'hôtel de ville. Ce centre donne naissance à la place. « Contrairement à ce qui se passait dans l'Antiquité, les places ne sont pas dotées d'un cadre architectonique qui limite l'espace public et les quartiers résidentiels. Les rues débouchent directement et la succession de leurs immeubles constitue les parois de la place. » Mais dans certains cas, le centre-ville médiéval n'est pas développé autour d'un édifice ou d'une place, mais autour d'un noyau urbain plus ancien, tel qu'une abbaye ou une cathédrale, intercalant parfois un marché.

Pendant la Renaissance, le centre de la ville est toujours une place, carrée, rectangulaire, polygonale ou circulaire, suivant le plan de la ville.

Au XVIIe siècle, la France connait une période de création urbaine militaire de grande qualité avec Vauban. Les villes s'installent de préférence sur des sites élevés qui assurent une position dominante. L'exemple de Neuf-Brisach est l'idéal (6). Il comporte une grande place centrale, la place d'armes, sur laquelle donnent les principaux édifices publics. Un autre exemple, mais civil, de la même époque est remarquable : la ville nouvelle de Richelieu. Une disposition originale de deux places situées à égale distance de l'axe de symétrie est-ouest apparaît : il n'y a pas de centre intra-muros mais deux pôles (7). Les voyageurs qui passent rapi- dement se souviennent d’avoir vu une seule place : la place du Marché, où tous les services sont réunis. C'est le centre-ville de l'ensemble ville-château et le carrefour d'un croisement de routes.
La place Napoléon de la ville de garnison de la Roche-sur- Yon (1830) reflète l'image d'un centre-ville groupant les bâtiments publics autour de la place d'armes (8).

Au début du XXe siècle Ebenezer Howard (1850 -1928) publie To-morrow : A Peaceful Path to Real Reform, où il décrit le concept de cité-jardin. La cité-jardin est disposée en cercle divisé en six secteurs par les rues principales. Le centre est formé d'un parc (9) dans lequel sont situés les édifices publics, tels que l'hôtel de ville, un théâtre, un hôpital, un musée et une bibliothèque. Un large portique vitré entouré de boutiques ceinture tout le parc et sert de lieu couvert pour la promenade. Letchworth fut la première réalisation en 1904.

Tony Garnier (1869-1948), grand prix de Rome, publie en 1917 son ouvrage, La cité industrielle. Le premier des principes de l'urbanisme de cette cité est le zonage. La zone industrielle, appelée l'usine, complexe très important de différentes industries, est l'élément déterminant de tout l'ensemble. Le centre de la ville comporte l'édifice des services municipaux (10).

Un projet traduit par une composition qui refuse les standards de la ville traditionnelle est celui de Saint-Dié par Le Corbusier. Non exécuté, il crée une forte densité au centre de la ville autour d'un centre civique comportant hôtel, théâtre, grand magasin, cen- tre commercial, etc. Un grand parc entourant le centre permet de libérer les terrains alentour au profit des maisons familiales avec jardins, espacées les unes des autres (11).

Dans les années soixante, l'un des principes essentiels des « villes nouvelles » est la volonté de recréer des centres-villes, au sens traditionnel du terme, qui rassemblent sur un espace réduit l'habitat, les services, les emplois et les loisirs (12). Ce retour à la centralité vient en réaction à la Charte d'Athènes de 1933 qui avait séparé les fonctions.

Le centre-ville reste lié à la notion de ville limitée, rattachée à la cité. L'évolution de notre société urbaine vers « l'agglomération » incluant les communes limitrophes de la ville-centre implique une multiplicité de centres urbains (13).
Cependant, le besoin, exprimé par notre société, de remise en cause de l'usage de la voiture et de promotion de la nature peut conduire à un espace central préservant le patrimoine historique bâti (14) ou, en prolongement de l'idée d'E. Howard, protégeant un parc naturel existant (15).

V. AGORA, CENTRALITÉ, CENTRE, CITÉ-JARDIN, FORUM, PLACE, PLACE D'ARMES, PLAN DE VILLE, SILHOUETTE, VILLE.
Source: Arturbain.fr
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