Entité urbaine

La rédaction
« L'idée d'une ville faite de fragments impose de la suturer afin de former l'entité-ville pour que les grands ensembles de ces dernières années se convertissent en partie de ville. Il faut remplir les interstices par des formes urbaines au lieu de les utiliser pour des passages d'autoroutes. »
O. Bohigas, L'A du conseil régional des architectes Provence-Alpes-Côte d'Azur
« Faut-il que votre composition d'Art urbain, digne des plus beaux ensembles du passé et aussi d'une très grande beauté, ignore la ville existante et s'installe sans lien à sa porte ? Il y aura lutte entre les deux communautés. »
André Gutton, L'urbanisme au service de l'Homme

Entité : n. f., du latin entitas. Une rue, un quartier, une ville, une région sont des entités urbaines au même titre que sont des entités sociales une famille, une communauté, une nation.

L'entité d'une ville est garantie par l'ensemble des dispositions qui préserve l'unité formelle de celle-ci dans ses composants essentiels et dans ses rapports avec l'environnement. 
Elle associe étroitement le territoire à ses habitants. Elle s'appréhende à travers la structure, les formes de développement et les limites physiques de la ville.

Lors de leur création, certaines villes respectent l'entité du fait du quadrillage parfait des voies malgré la topographie du lieu, comme à Priène (1). L'entité peut également être respectée par des fortifications destinées à protéger la communauté, comme à Carcassonne (2).

Les villes nouvelles du XIVe siècle, les bastides telles que Monpazier (3) ou les villes frontalières construites sous Louis XIV par Vauban conjuguent ces différents éléments, telle la ville de Neuf-Brisach (4) ou la ville d'Entrevaux (5).

L'attrait des villes a vu naître des extensions en périphérie du centre sous forme de faubourgs, de banlieues et de quartiers nouveaux.

Paris a englobé les faubourgs successifs dans des limites nouvelles et concentriques pour recréer à chaque fois une nouvelle entité (6).

La banlieue ne constitue pas une entité. La forme diffuse de son développement par exemple, le long des axes routiers, crée des confusions d'entités entre les communes.

Certains lotissements d'habitations peuvent constituer, par leur enclavement, des entités privées au sein d'une commune donnant l'occasion de conflits d'intérêts entre les populations.

Bon nombre de villages ruraux de la Brie ont été organisés selon un bourg comprenant l'école, la mairie, l'église, le boulan- ger, etc. environnés d'écarts ou de hameaux réunissant une ou plusieurs fermes d'exploitation agricole, le tout vivant, entre le XIIe et le XIXe siècle, en communauté, synonyme d'entité.

L'évolution de la structure sociale au XXe siècle a rompu l'entité communale en transformant ces villages en résidences dortoirs ou en résidences de vacances.

Des éléments correctifs de la structure de la ville pour la transformer en une nouvelle entité mieux adaptée aux besoins de l'époque peuvent être apportés par les municipalités. Les places royales (7) puis les tracés haussmanniens à Paris (8) sont des éléments fédérateurs.

Après la Deuxième Guerre mondiale, la reconstruction a respecté l'entité des villes.
Mais la création des quartiers nouveaux d'habitation dits «grands ensembles » ou ZUP (zones à urbaniser en priorité) n'a pas respecté ce concept. Une opposition physique et sociale s'est ainsi installée entre le centre ancien et le nouveau quartier, comme à Meaux (9) ou dans le quartier du Mirail à Toulouse.

Les principes de la Charte d'Athènes ne tiennent pas compte du respect du principe d'entité communale. Ils prônent l'autonomie des ensembles par rapport à l'environnement.

Les équipements importants, comme les voies ferrées au début du XIXe siècle, puis de nos jours les autoroutes coupent l'entité communale, ce qui conduit à séparer les quartiers d'habitation. Ainsi, à Grigny, la Grande Borne (10) est séparée du centre ancien par l'autoroute A6.

L'existence d'un bois au sein d'un territoire communal, comme à Meudon (11), peut également être un élément de séparation entre les quartier d'habitation et rompt l'entité communale.

D'une manière générale, il est recommandé de rétablir l'entité urbaine par des aménagements spécifiques. Sinon, il y aura atteinte à l'entité existante dans ses différentes composantes, physiques, sociales et environnementales, motifs à oppositions entre les habitants, pouvant causer des désordres graves.
Les études d'impact pour l'environnement constituent en ce sens une première approche.

V. FORME URBAINE, LIGNE DE CRÊTE, QUARTIER, RUE, SILHOUETTE URBAINE, SRUCTURE DE LA VILLE, VILLE.

Source: Arturbain.fr
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