Marché, Place Marchande: Définition de l'Art Urbain

La rédaction
« Dans les temps anciens, chez les Grecs et les Romains, les marchés n'étaient pas seulement des centres d'approvisionnement pour les cités, c'étaient aussi des lieux de réunion où les affaires publiques et privées se traitaient entre les citoyens. L'agora des Grecs et le forum des Romains avaient cette double destination. » 
Victor Baltard
« Pour parler des villes, il faut en outre que l'agglomération soit caractérisée par des échanges commerciaux qui ne soient pas seulement occasionnels mais réguliers et qui constituent une composante essentielle des moyens d'existence des habitants, autrement dit, qu'elle soit caractérisée par l'existence d'un marché. » 
Max Weber

Marché: n. m. Marchiet (1080), du latin mercatus et merx, mercis, marchandises. Lieu public de vente de biens et de services. Lieu où se tient une réunion périodique de marchands de denrées alimentaires et de marchandises d'usage courant (Le Robert).

Le marché est le lieu public où se rencontrent périodiquement marchands et acheteurs. Il peut être ouvert, occupant rues et places. Quand il est couvert, il prend des appellations différentes selon les pays (bazar en Orient, souk dans les pays islamiques, etc.).

Dans l'Antiquité, les Grecs avaient intégré le marché à l’agora (1). Reprise par les Romains sous le nom de forum (2), cette place où se discutaient les affaires publiques était le lieu de rencontre des marchands. Le marché se déroulait en plein air sur une place carrée du forum. Il était organisé autour d'échoppes temporaires, les tabernæ. À certaines occasions, le marché avait lieu à l'intérieur de la basilique (grande salle rectangulaire qui servait principalement de cour de justice).
Le forum de Trajan (3), conçu sur trois niveaux de boutiques et de logements, avec une grande galerie voûtée abritant un bazar et une bourse, fut l'une des grande réalisations romaines. Un niveau s'ouvrait sur la rue, les autres donnant vers l'intérieur du forum.

Au Moyen Âge, la place du marché est un lieu annexe (à Coulommiers par exemple, la place du marché, en périphérie de la ville, servit principalement de champ de foire). Les marchés rassemblent temporairement, une à deux fois par semaine, des marchands. Sans organisation ni structure, les rues, les carrefours, les quais (4), les parvis ou même les porches des églises sont investis par le marché. Les foires, une à deux fois par an, occupent les grandes voies de passage et représentent l'organe essentiel de la vie économique internationale.

À partir du XIe siècle, de petites halles (5) apparaissent, composées de bois (6), parfois en pierre. Ce sont les premiers marchés couverts de France ; du XIIe au XVe siècle, ces halles vont prendre de plus en plus d'importance dans l'organisation urbaine. Indépendante d'autres activités (ce qui marque son évolution par rapport au forum), la place de marché devient suffisamment importante pour rassembler autour d'elle une communauté et une agglomération. Les bastides (7) s'organisent autour d'une place centrale sur laquelle se tient une halle en bois, composée selon un plan orthogonal ou selon une organisation circulaire (agglomération connue sous le nom de circulade (8)).

« Au XVIIIe siècle, les espaces centraux des villes vont souvent être élargis, rectifiés ou ordonnancés. Malgré ces effets d'aménagement rationnel, les halles ne sont pas toujours admises dans la mise en scène urbanistique. Leur activité, jugée vulgaire, va les refouler vers des enceintes closes, dans les cœurs d'îlots, ou masquées par des rangées d'immeubles. Cependant elles vont être quelquefois édifiées pour attirer des acheteurs de lots et ainsi créer des lotissements par un système de rues radiales » (Gilles-H. Bailly, Laurent Philippe). À cette époque, les marchands d'herbes et de légumes vont occuper à Paris la place de la Fontaine-des-Innocents, sous de vastes parasols colorés, constituant le fameux marché des Innocents (V. Fontaine).

La révolution industrielle va transformer le marché. L'accroissement du nombre de citadins s'accompagne d'une augmentation des volumes de produits alimentaires consommés dans les villes. Les marchés spécialisés se développent (9/10) et s'agrandissent car ils constituent le seul moyen d'approvisionnement des populations (11). L'utilisation du métal pour les structures des halles permet de construire des éléments de grandes dimensions en série ; on parle alors de halles mécaniques (12). Le marché devient un grand équipement permanent occupant un îlot urbain.

Au XXe siècle, les marchés et places marchandes restent la forme principale de commerce des produits frais au cœur des villes. Cependant, après la Seconde Guerre mondiale le développement urbain va s'éloigner des centres-villes, les « centres commerciaux » et les « grandes surfaces » vont se situer à l'entrée des villes. Il en va ainsi du marché de Rungis, qui remplace le quartier des halles de Paris. Le grand choix de produits alimentaires en libre-service, l'accès facile, les prix bas et la possibilité de se faire livrer font des centres commerciaux des lieux appréciés d'une clientèle dépendante de la mobilité automobile individuelle.

En ce début de XXIe siècle, Internet et le commerce en ligne se structurent comme un énorme marché à l'échelle mondiale. Les marchés en plein air s'adaptent : un simple étalage pendant quelques heures une ou deux fois par semaine suffit pour faire d'une place (13), d'une rue (14), d'une esplanade, d'un quai, d'un espace sous le métro (15), un marché aux fleurs, aux légumes, aux objets anciens, etc. On assiste depuis quelques années à un autre phénomène : les « vide-greniers » (16), les « brocantes » (17) ou les « puces », donnant l'occasion d'acquérir à moindre prix des objets ayant déjà été utilisés. Ces marchés ont lieu le dimanche et deviennent des lieux de curiosité et de pro- menade en famille.

Les espaces publics sont des équipements qui, à moindre coût d'investissement, sont sous-loués aux marchands par les placiers au profit de la collectivité.

En conclusion, la qualité de la vie sociale d'un quartier dans les agglomérations, les villes ou les villages dépend de la présence périodique de marchés de plein air dans l'espace public. Lieux de spectacle de marchandises permettant la rencontre entre les habitants et les marchands, ils contribuent à l'animation urbaine.

V. AGORA, BASILIQUE, BASTIDE, BAZAR, ENTRÉE DE VILLE, ESPLANADE, FOIRE, FOIRAIL, FORUM, HALLE, ÎLOT, PLACE, PORCHE, SOUK.

Source: Arturbain.fr
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