Boulevard: Définition de l'Art Urbain

La rédaction
"Une fois que vous avez mis le pied là, votre journée est perdue si vous êtes un homme de pensée. C'est un rêve d'or et d'une distraction invincible. On est à la fois seul et en compagnie. (…) Le boulevard, qui ne ressemble jamais à lui-même, ressent toutes les secousses de Paris, il a ses heures de mélancolie et de gaieté, ses heures désertes et ses heures tumultueuses, ses heures chastes et ses heures houleuses. " 

H. de Balzac.

Boulevard:
1803, " promenade, large rue plantée d'arbres faisant le tour d'une ville (sur l'emplacement des anciens remparts) ".
1792, " le boulevard de… " qui sert de protection ; bastion, rempart.
"1365, bolevers "ouvrage de défense" devient "une butte gazonnée flanquée d'un parapet maçonné ". 
Le Robert

La naissance du boulevard est liée à la destruction des enceintes fortifiées. Son tracé circulaire s'explique donc par sa nature même d'ancienne limite.

L'exemple de Paris est illustratif. En effet, en 1670, Louis XIV fait édifier, sur l'enceinte Charles V (1360/1646), un large mail, " le boulevart" (2) . Cette voie, suit le concept du tour de ville. D'une largeur de 19 toises (37m), elle est agrémentée de deux rangées d'arbres et d'un terre-plein central. Elle conserve son dénivelé initial, puisque le fossé extérieur est transformé en rue basse.

Au XVIIIème siècle, elle devient " boulevard ". Louis XV, suite à l'annexion des faubourgs Saint-Victor, Saint Marcel, Saint-Jacques et Saint-Germain, fait construire " les boulevards du midi" (1A) et reprend ainsi le concept du mail planté en y associant, de prestigieux équipements tels que les Invalides, l'Observatoire et La Salpetrière. En 1784, la barrière d'octroi des Fermiers Généraux est programmée pour délimiter le périmètre fiscal de la capitale. Cette enceinte de 24 Km, est ponctuée par les octrois de Ledoux et bordée en contrebas par un large boulevard extérieur de 60m de large (1B) .


Suite au siège de 1815, les "fortifications de Thiers " (1841/1845) sont édifiées sur 34 km. "Les boulevards des Maréchaux" (1C) , rendant hommage aux grands maréchaux de l'Empire, longent ces remparts. Intra muros, ils ont une largeur de 40 m.

De 1853 à 1870, Haussmann révolutionne la voirie en imposant un modèle de voies plantées, pour la promenade et la circulation. Le boulevard, associé à l'avenue, devient l'armature de la ville moderne sur plus de 80km. La population y afflue, attirée par la renommée de ses nombreux théâtres. L'invention du dénominatif " boulevardiers ", montre la notoriété de ce nouvel espace public.

Ces nouvelles voies urbaines contiennent dans leur sous-sol, tous les réseaux techniques, comme l'illustrent les nombreuses planches d'Alphand (5) . De plus, elles sont le support d'un maillage végétal. L'unification et la normalisation de la voirie s'expriment, par le choix d'un mobilier urbain systématique. Le " style haussmannien " fait école à l'étranger. Ainsi, en 1880, pour la reconstruction de Lisbonne, les architectes et ingénieurs français des Ponts et Chaussées, s'inspirent du concept de la promenade publique en édifiant un vaste réseau " d'Avenidas Novas ".


Au début du XXème siècle, des villes germaniques, comme Vienne, Francfort ou Metz, ont déjà expérimenté un urbanisme d'extension suivant les principes du Ring (3) . Il constitue une transition, alliant végétation et larges voies, entre les anciens faubourgs et le centre. " La ceinture verte", deuxième modèle proposé, vient d'Angleterre. Londres développe une "Green Belt ", constituée de parcs et de squares. En 1904, suite au concours international lancé pour traiter la reconversion des "fortifications de Thiers ", Hénard propose l'application du "boulevard à redans " (4) .


L'entre deux guerres voit se réaliser la construction massive d'Habitats Bon Marché (HBM) bordant les boulevards des Maréchaux. Sur l'emplacement des " fortifications de Thiers " est créé le boulevard périphérique (1957/1973) (1D), dit le "Périphérique". Edifié suivant les principes du Mouvement Moderne, celui-ci marque encore aujourd'hui, la limite administrative de Paris. Réservé à la circulation rapide des automobilistes, il est interdit aux piétons. Le modèle est largement diffusé sous l'appellation de rocade. Cette voie rapide ceinture l'agglomération sur des dizaines de kilomètres. Si elle évite le transit, elle engendre cependant des nuisances importantes dues aux bruits et à la pollution. Son tracé ne prend pas en compte le paysage, privilégiant le projet routier au projet urbain.

" Le boulevard urbain " est une des récentes réponses à ce constat, comme le montre l'exemple du traitement de la RN 314 dans le secteur de la Défense, à Nanterre (6) . A Barcelone, les "Rondas" (7) (ou circulaires) tendent à humaniser les voies à grande vitesse, en mêlant circulation rapide et espace public paysager. Le principe des contre-allées, des voies latérales de dessertes ou des jardins publics doublés d'un mur écran, sont des éléments constitutifs des réalisations visant à concilier le piéton, le véhicule et le cadre de vie urbain de meilleure qualité.


V. AVENUE, CEINTURE VERTE, COURS, MAIL, PROMENADE, RAMBLAS, RING, ROCADE, RONDAS, RUE, TOUR DE VILLE, VOIE URBAINE.

Source: Arturbain.fr
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