Banc public: définition de l'Art Urbain

La rédaction
"...qu'un banc soit un banc, et non un rocher, un fragment de colonne ou d'entablement, et ainsi du reste. Rien est plus beau que le vrai." A. Alphand. 1817-1891

"Une planche sert de banc et, derrière, trois petits guichets horizontaux  éclairent la cave. Cela peut suffire à donner du bonheur". Le Corbusier.
Méditez ce paradoxe : "...Ce banc a été construit pour admirer l'un des plus beaux jardins de Kyoto : il a été installé à l'envers." Joseph Belmont.

Banc public : n.m.(empr. du germ.; anc. haut allem. banch). 
Antoine Furetière, dans son "Essai d'un dictionnaire universel" paru en 1690, définit le banc comme un "Siège de bois où plusieurs personnes peuvent s'asseoir de rang." Vient de l'italien banco, ou du latin bancus, d'où est venu banquette. Certains le dérive de l'allemand panck, ou de abacus; d'autres du saxon benc. Actuellement, on s'accorde sur l'antériorité de bank, d'origine germanique, avant bancus du latin populaire.

Long siège, avec ou sans dossier, sur lequel plusieurs personnes peuvent s'asseoir à la fois. Halte de repos, ce long siège peut être installé dans les jardins, les parcs, les promenades publiques et le long des avenues. 

Le terme est repéré pour la première fois dans la Chanson de Roland entre 1050 et 1080."

Dans l'Antiquité greco-romaine, le mot exèdre désignait une salle munie d'un banc continu fixé au mur, qui convenait aux délibérations et à l'enseignement. La formule de l'exèdre est différement interprétée selon les époques: sièges de trace mouvementée des "quintas" du Portugal, bancs arqués des jardins classiques. A partir de la période néo-classique, l'exèdre s'applique aux sièges collectifs en hémicycle, non reliés à un édifice. (1)

Au Moyen Age, élément noble du mobilier privé le banc présénte un premier usage semi-public. le déambulatoire du cloître de l'abbaye du Thoronet (1160) compose le banc de pierre avec le soubassement de l'édifice. (4) 
Au XIIIème siècle, sur les deux côtés des portes des maisons anciennes en France, il était d'usage de placer des bancs de pierre sur la voie publique appartenant à la maison à laquelle ils étaient accrochés. (2) 
En reprenant cette idée, les façades du Louvre ont été réaménagées sous Napoleon Ier. (3)

Dans les jardins de la Renaissance, des sièges destinés à plusieurs personnes sont ombragés par du feuillage soutenu par des arceaux, telle la tonnelle munie de bancs du "Songe de Poliphile". (5)

Au XVIème siècle on faisait aussi des bancs en bois, en pierre, en marbre, pour les promenades publiques, les parcs et les jardins. Les bancs publics participent à la composition des jardins, des parterres, sur les terrasses, le long des promenoirs, à l'extrémité des canaux et dans les bosquets.

A la fin du XVIIème siècle, on trouve de véritables édifices pour mettre des bancs à couvert. Le Pavillon des fleurs de Marly fut construit pour s'abriter de la pluie dans une partie écartée du parc. (4)

Au XVIIIème siècle les bancs abrités deviennent de petits exercices d'architecture de jardin, comme ceux que William Kent, le maître du style paysager en Angleterre, dessina pour Kew Gardens.

Au cours du XIXème siècle, les parcs publics se généralisent dans les villes et on assiste au développement des bancs publics. A l'époque d'Haussmann Alphand ouvre le" service des promenades et plantations". Le terme de mobilier urbain apparait et G.Davioud créer les bancs droits pour les rue et avenues et les bancs gondole adapter pour les parcs parisiens. (7) Le banc des rues, avenues et boulevards possède une structure en fonte et des plateaux en coeur de chêne peints. Situé exactement dans l'alignement des arbres, presque en limite de trottoir. Il marque le lien entre les espaces chaussée/trottoir. Le banc se compose parfois avec un édifice comme le parapet-banc de la terrasse du parc de Guëll à Barcelone (6) ou s'inspire de l'aménagement du Pont Neuf à Paris (8).

Il peut être integré à du mobilier urbain, des supports de publicité extérieure (9) ou associé à de grands arbres. (10) Il peut être droit, courbe, angulaire ou sinueux, massif ou effilé, muni ou non d'un dossier et d'accoudoirs. Son aspect général est donc tributaire du style artistique de son temps et il peut être conçu comme une sculpture. (11)

La tendance récente est d'individualiser les places assises. Des comportements peu civiques ont pu conduire des maîtres d'ouvrage public à créer des bancs ischiatiques ou fractionnés par des accoudoirs pour empêcher un usage autre que la position assise. Ces pseudos bancs n'apportent pas, au contraire, la sociabilité et la convivialité qui s'attache au banc public. La norme française (13 juin 1991) teste la stabilité et la robustesse des bancs et les répertorie suivant trois cathégories : "P" les posés, "S" les scellés et encastrés au sol ou au mur, et "I" les intégrés.

Le banc public est indissociable du lieu dans lequel il est installé. Il est primordial que cet objet soit composé avec l'espace public qui l'accueille.

Les bancs publics évitent d'être placés face à un stationnement ou le long d'une voie à grande circulation, dans les exemples pris à Lyon, Miramas, Montreal et Kanagawa, ils sont distribués de manière conviviale, face à une vue agréable et dégagée: implantés dans les lieux où l'on s'attarde, à côté de jeux pour enfants et à l'abri du vent... (12)
Pour se reposer, lire ou converser, le banc public peut aussi tourner le dos à une vue (6) et citation de Joseph Belmont.

V. AVENUE, RUE, BOULEVARD, JARDIN, SQUARE, ABRI DE VOYAGEURS, PUBLICITE EXTERIEURE, MOBILIER URBAIN, EXEDRE.
Source: Arturbain.fr
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